Le Thermomètre du pochard : mesurer l’ivresse au XIXᵉ siècle

23/11/2025


En 1870, le dessinateur-lithographe Théo publie dans la presse satirique parisienne un petit bijou d’humour visuel : le Thermomètre du pochard. L’estampe, aujourd’hui conservée à la Bibliothèque universitaire Moretus-Plantin (BUMP) de l’UNamur, se présente comme un instrument pseudo-scientifique mesurant… les degrés d’ivresse.

La planche se lit comme un instrument de mesure. À la place du mercure, une série de visages du plus neutre au plus défait. Chacun correspond à un « degré » d’ivresse, échelonné avec un sérieux délicieusement moqueur. Sous la plaisanterie, on devine l’air du temps : fascination pour la science, succès des caricatures, et omniprésence de la figure du buveur dans la vie urbaine.

Loin d’être une simple blague, ce thermomètre s’inscrit dans une longue tradition de moralisation par l’image : les caricaturistes du XIXᵉ siècle adorent souligner les travers humains par un langage quasi scientifique. On « mesure » le ridicule comme on mesure la température, on quantifie l’excès pour mieux s’en amuser.

Objet amusant, certes, mais aussi petite archive sociale. Grâce à sa mise en ligne en domaine public, le Thermomètre du pochard ressort aujourd’hui des collections pour rappeler, avec une ironie très 1870, que l’humain aime depuis longtemps mesurer… même ce qui échappe à la mesure.



(photos : UNamur)