Le Pâtre

10/09/2025


Au milieu des années 1950, l’État belge rend hommage au journaliste et explorateur britannique Stanley (1841-1904). On lui érige un monument à Léopoldville (Kinshasa) pour avoir contribué à la conquête de l’État indépendant du Congo par le roi des Belges Léopold II. Le monument représente la statue de Stanley posée sur un soubassement architectural, où l’État belge souhaitait voir figurer, en bas-reliefs, les sept provinces de sa colonie.

Ce projet fut confié à Idel Ianchelevici, sculpteur et dessinateur belge d’origine roumaine, lauréat du premier prix de statuaire à l’Académie des Beaux-Arts de Liège en 1933. Invité à se rendre au Congo, Ianchelevici modifie le projet initial. À la place des sept bas-reliefs commandés, trois grandes figures symboliques d’Africains, représentant les piliers fondamentaux de l’économie traditionnelle, prennent forme : le pâtre, le pêcheur et le chasseur.

Il ne s’agit pas ici d’une représentation de l’esclave noir soumis ou révolté, un thème véhiculé pendant des décennies, mais bien de celle de l’homme africain enfin reconnu et célébré. Ces trois statues sont encore présentes à Kinshasa, preuve que le message a bien été compris par les Congolais. Les statues représentant les grandes figures de héros coloniaux, quant à elles, ont disparu du paysage depuis longtemps.

Aujourd’hui, c’est au Musée en plein air de l’ULiège qu’on peut admirer Le Pâtre.



(photos : Christian Du Brulle/Dailyscience.be)